Transcription du texte publié pr Mme Gabrielle Thiboult, dans le Dictionnaire des églises de France, t.IV B, Normandie, Paris, Robert Laffont, 1968
L’église d’Appeville (dépendant jadis de l’abbaye de Lessay) est remarquable par la qualité de son style, la grande homogénéité de sa construction exécutée en une seule campagne au début du XIIIème siècle, et aussi par l’état dans lequel elle nous est parvenue : presque sans retouches, expression quasi parfaite de l’art gothique rural du Cotentin.
Le plan est simple et régulier : chœur et nef uniques à peu près de mêmes proportions, transept saillant et chevet plat; au centre de l’édifice, une tour carrée formant tour-lanterne et clocher, parachevée par une flèche élancée.
Deux voûtes sexpartites couvrent le chœur, correspondant à une alternance des supports : courtes colonnettes reposant sur des culots pour les ogives intermédiaires, colonnettes plus importantes et partant du sol, entre les deux travées. Les chapiteaux sont à crochets peu développés dont le bourgeon terminal forme boule, les tailloirs carrés ; l’appui des fenêtres est à degrés tandis que des colonnettes et un boudin mouluré en bordent l’ébrasement, qui dessine un arc brisé assez aigu. Tous ces caractères, ainsi que le triplet qui ajoure le chevet, indiquent nettement une œuvre du début de l’art gothique.
La même ordonnance se retrouve dans les croisillons couverts chacun d’une voûte à cinq branches d’ogive, et toute l’importance du transept paraît réservée à la tour-lanterne dont la voûte octo-partite rythme les baies et les supports.
La nef reproduit à peu près les dispositions du chœur; certaines baies ont été remaniées postérieurement. Un raccord un peu maladroit entre transept et nef semble indiquer que celle ci a été commencée par la partie occidentale; les voûtes sexpartites actuelles ont remplacé en 1876-1877 un lambris de bois, mais selon toute vraisemblance de telles voûtes avaient existé à l’origine.
A l’extérieur, une délicate corniche formée de petits arcs brisés groupés deux par deux sous des arcades en plein cintre souligne le sommet des murs du chœur et des croisillons ; les contreforts (certains ont été renforcés) correspondent à l’alternance des supports intérieurs. Un petit portail s’ouvrait au sud.
Dans la première travée du chœur, analogue au portail de la façade, très simple. Un porche, curieusement couvert aussi d’une voûte sexpartite, a été ajouté en avant de la façade au XVème siècle et une sacristie (XVIIIème siècle) au chevet.
C’est surtout la tour qui attire et retient le regard : une série d’arcades très allongées confondent en un seul les deux étages tour-lanterne et clocher, allégeant ainsi la silhouette, et divers motifs en creux s’inscrivent entre les arcs. Enfin, une haute flèche complète l’élégance de l’ensemble.
Le mobilier
En visitant l’église l’attention doit se porter sur :
Dans le choeur
– Maître-autel en bois doré et polychrome fin XVIIIème siècle
– Stalles en chêne sculpté XVIIIème siècle
– Vierge à l’enfant assise, bois polychrome XVIIème siècle
– Lutrin à l’aigle, bois or et blanc d’origine XVIIIème siècle
Dans la nef
– Chaire en chêne sculpté XVIIIème siècle (coeur enflammé et harpes)
– Bénitier sur piédestal octogonal en calcaire XVIème siècle (entrée nord)
– Cuve baptismale en pierre calcaire, à godrons, époque médiévale
– Fonts baptismaux en marbre du XIXème siècle
Il faut également noter la Perque et Christ en bois peint et doré début XVIIIème siècle